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Un renouveau de la  médecine interne dans le monde
Questionnement sur l’évolution des systèmes de santé
 
La médecine interne est la spécialité qui s'intéresse à l'état de santé du patient dans sa globalité. Elle fait de l'interniste le spécialiste des diagnostics complexes, des prises en charges « délicates » (pathologies multiples, terrain particulier), des maladies rares et des soins apportés aux personnes âgées.
La médecine interne est une discipline médicale qui s’occupe particulièrement du diagnostic des maladies complexes. Elle est la troisième voie de la pratique de la médecine à côté des spécialités d’organes et de la médecine générale. Elle est encore un peu méconnue du grand public marocain et, de ce fait, a parfois des difficultés à faire reconnaître son identité et son intérêt, alors qu’elle bénéficie d’un regain d’intérêt et a même le vent en poupe dans  l’évolution des systèmes de santé de nombreux pays.
 
Entre multidisciplinarité et singularité, le champ d’action de la médecine interne croise le chemin des autres spécialités. Il est vaste, mais il ne saurait être question pour l’interniste de prendre en charge tous les problèmes médicaux des patients, du diagnostic au traitement le plus sophistiqué. Néanmoins, l’approche globale du malade peut parfois éviter les écueils d’une approche mono-organique. Pour remplir ce rôle, cette spécialité s’appuie sur  une  formation pluridisciplinaire reposant sur une étude transversale de tous les organes et des pathologies qui leur sont afférentes, avec une prédilection pour les maladies touchant plusieurs organes (les maladies systémiques), les maladies déclenchées par  un  dérèglement du système immunitaire  ainsi que les maladies rares.
De façon pratique, l’interniste prend  surtout en charge les patients souffrant de plusieurs pathologies simultanées ou d’une pathologie affectant plusieurs organes. Certains champs médicaux échappent cependant évidemment à sa polyvalence comme la pédiatrie, la chirurgie et la gynécologie obstétrique.
Cette spécialité  est la plus longue et complète des spécialités : elle s'acquiert en 5 ans (le plus souvent complétée par une sous-spécialité en gériatrie, immunologie, génétique, maladies rares... effectuée en 1 ou 2 ans) contre 3 ou 4 ans pour la plupart des autres spécialités. Seule la chirurgie demande aussi 5 ans depuis le début des années 2000.

VIDEO EN ARABE SUR LES MALADIES AUTO-iIMMUNES ET LA  MEDECINE INTERNE 
 PAR LE DR MOUSSAYER KHADIJA



Une situation contrastée suivant les pays
La médecine interne obéit schématiquement dans les systèmes de santé à deux types de modèle suivant qu’elle a tendance à être considérée comme une spécialité de dernier niveau, du « dernier recours » ou qu’on lui confère plutôt un rôle de pivot et de coordination générale  des soins.
Le Maroc a privilégié la première approche en s’inspirant de la France, ce qui implique des effectifs réduits. Le nombre d’internistes ne dépasse pas les 250 dans le Royaume et les 2 500 en France, soit un peu moins de 2 % des spécialistes de ces pays, les trois quarts exerçant en milieu hospitalier. Un certain nombre d’entre eux parachèvent par ailleurs  leur formation par une sous-spécialisation dans les domaines de la gériatrie, des maladies infectieuses, des maladies rares, de l’immunologie clinique…
A l’inverse, en adoptant la seconde orientation, les internistes représentent le plus important groupe de spécialistes  -  25 %  - en Allemagne ou en Suisse (plus de 6 300 internistes dans ce dernier pays !) avec une forte présence en médecine libérale. De plus, les autres spécialistes suivent un socle commun de médecine interne avant leur orientation.  
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Regain d’intérêt pour une médecine plus transversale
Les pays les plus avancés en matière médicale perçoivent que, pour faire face à l’explosion des dépenses de santé, le parcours du patient ne doit pas se transformer en un marathon d’explorations techniques, malgré leur nécessité, au détriment de l’observation clinique et d’une certaine coordination des soins.
Chaque discipline médicale porte en elle la conviction de la qualité de ses méthodes en espérant élargir plutôt que réduire son domaine de compétence. Et les patients sont toujours fascinés par les possibilités techniques et l’espoir d’une prise en charge hautement spécialisée. Il est évident qu’il existe des patients dont le diagnostic  parfaitement clair et la stratégie thérapeutique bien établie doit orienter vers le spécialiste ad hoc. Ce dernier est sans contestation le plus efficace pour réaliser des actes techniques en grand nombre et à un moindre coût, au bénéfice du malade comme des régimes d’assurance santé.
Les systèmes de santé  de tous les pays sont toutefois confrontés de manière croissante à des patients multi-morbides (notamment par augmentation de la proportion des malades chroniques et des personnes âgées). Dans ces cas complexes, un ensemble de spécialistes compétents travaillant en parallèle sur ces patients peut se révéler moins performant  pour maîtriser les problèmes dans leur globalité. L’information, les diagnostics, les mesures thérapeutiques et la coordination du traitement nécessitent alors une personne de référence avec une prise en charge holistique qui reprend l’avantage sur un ensemble d’actes peu standardisables. De plus, le fractionnement de certaines spécialités en « sur-spécialités » de plus en plus étroites, indispensables au soin de certains patients, rend indispensable un recours à des médecins formés à la synthèse comme le sont les internistes
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Nouvelles missions accordées à la médecine interne
Pour ces raisons, l’idée s’impose d’accroître le rôle et les compétences des internistes. Ainsi,  en Grande-Bretagne  une nouvelle discipline médicale s’est développée au cours de ces dernières années, « la médecine aiguë » (acute medecine) : il s’agit, à côté de la médecine d’urgence et de réanimation, de faire prendre, pendant les 24 à 72 premières heures après l’admission à l’hôpital, les mesures initiales concernant le diagnostic et le traitement.
De même, la profession de médecin hospitalier (Hospitalist) s’est largement répandue aux Etats-Unis. Généralement internistes, ils assurent la continuité des soins aux patients en établissant diagnostics et traitements. On leur a étendu une délégation de certains tests et interventions : ils dialysent par exemple directement un patient pour une insuffisance rénale aiguë après coordination avec le néphrologue de service en ce qui concerne l’indication. Les spécialistes peuvent ainsi mieux se concentrer sur leurs compétences de fond.
 
Un rôle à jouer dans la recherche
Dans le domaine de la recherche, la médecine interne s’est vue récemment aussi confier un rôle accru, en particulier aux Etats-Unis, dans les études d’efficacité comparative des traitements et des méthodes diagnostiques (« comparative effectiveness »). La nécessité de comparer les différentes méthodes et de définir certains standards au-delà de chaque discipline médicale ouvrent en effet des champs de recherches où il ne s’agit plus de comparer un médicament ou une méthode avec un placebo ou un objet supposé moins efficace, mais de tenir compte de tous les aspects et critères pour déterminer, parmi les méthodes diagnostiques ou thérapeutiques, laquelle est la plus appropriée pour un groupe de patients précis.
 
Une  discipline médicale à  mettre en valeur au Maroc 
Les exemples développés ci-dessus démontrent que la médecine interne peut intervenir plus largement en exerçant un juste arbitrage entre l’examen clinique et le « tout  technique » toujours plus onéreux. Elle est certainement capable de contribuer au Maroc à la maîtrise de plus en plus nécessaire des problèmes de ressources au sein du système de santé, en croissance constante, et cela si l’on veut éviter de laisser « au bord de la route » une majorité de la population qui connaît des difficultés à accéder aux soins faute de ressources suffisantes.
Le Maroc connait en particulier une transition démographique où les personnes âgées de plus de 60 ans représentent déjà environ 10 % de la population et seront plus de 14 % en 2025. Cette augmentation pèsera de plus en plus sur les dépenses de santé. Une gestion rationalisée des soins qu’offre la médecine interne, notamment pour les personnes âgées, assurerait là aussi une prise en charge optimisée des  seniors.
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LA MEDECINE INTERNE LA SPECIALITE LA PLUS COMPLETE POUR LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES ÄG2ES
 La promotion du médecin généraliste comme « référent » de la médecine de ville, à l’instar des autres pays développés, paraît aussi, dans le même esprit, nécessaire.
Même si la médecine interne apparaît comme intellectuellement attractive, il faut reconnaître cependant que le cœur de son activité, l’examen clinique et l’interrogatoire  qui, par définition prennent beaucoup de temps, risque d’attirer moins de nouvelles générations d’étudiants au Maroc par rapport aux autres spécialités bénéficiant de gestes techniques plus rémunérateurs.
Pour développer sa pratique,  une condition principale est alors de la sortir de son « ghetto » hospitalier podesur la faire mieux reconnaître dans les cliniques et en cabinet auprès de la population  par une plus large information sur sa spécificité.
 
Le Dr House :  héros d'une série américaine et symbole de l'interniste
Ce sujet serait difficile à clore sans évoquer la série télévisuelle « Dr House » qui, par sa notoriété mondiale, a redonné toutes ses lettres de noblesse à cette discipline. Le Dr House, même si tout le monde ne le sait pas, est en effet d’abord un interniste (ayant complété son cursus par deux sous-spécialités en néphrologie et en infectiologie) et l’équipe qui l’entoure est composé principalement d’internistes. Chaque épisode repose sur la recherche de l’identification d’une maladie à la façon d’une longue enquête policière La série démontre bien, s’il en était besoin, que la médecine est toujours un acte intellectuel de réflexion, fait de beaucoup d’incertitude et d’humilité, au-delà des investigations techniques.

Casablanca le 16 mars 2019
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Dr MOUSSAYER KHADIJA     الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض  الشيخوخة Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie

Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
Vice-président du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)
Chairwoman of the Moroccan Autoimmune and Systemic Diseases Association
Membre de la Société Marocaine de Médecine Interne (SMMI)                               
Vice-présidente de l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG)

 POUR EN SAVOIR PLUS : 1/ L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), II/L’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM), III/ BIBLIOGRAPHIE  

I/ L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) 
Les objectifs d’AMMAIS, créée en 2010 à la suite d’une rencontre avec un groupe de marocaines atteintes de la maladie de Gougerot, sont d’informer et sensibiliser grand public et médias sur ces maladies en tant que catégorie globale afin que le diagnostic soit plus précoce, d’aider à leur meilleure prise en charge et de promouvoir la recherche et les études sur elles.
Elle organise régulièrement des manifestations comme la journée de l’auto-immunité, la rencontre sur le syndrome sec et la maladie de Gougerot-Sjögren… ou encore des rencontre clinico-biologique avec l’association marocaine de Biologie Médicale (AMBM). Le président d’honneur d’AMMAIS est le Pr Loïc Guillevin, professeur de médecine interne..
L’association se donne par ailleurs pour but de contribuer à la création par les malades eux-mêmes d’associations spécifiques comme l’association marocaine des intolérants au gluten (AMIAG), l’association marocaine de la fièvre méditerranéenne familiale (AMFM), l’association marocaine des malades d’angioedèmes (AMMAO)… ou encore l’association pour les personnes atteintes de rachitisme vitamino résistant hypophosphatémique (RVRH-XLH).
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Ammais est enfin à l’origine de la création en 2017 de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM) avec d’autres associations de patients atteints de maladies rares.
Elle s’est inspirée des modèles des pays plus développés, où des associations de malades atteints de maladies rares et des malades dépourvus d’association se sont unies depuis plusieurs années en « Alliances », telles la France avec l’Alliance Maladies Rares ou la Suisse avec Proraris.
Cette Alliance AMRM a organisé récemment deux grandes manifestations, la seconde journée des maladies rares, le 23 février 2019 sous le patronage du Ministère de la Santé à l'université Mohamed VI des Sciences de la Santé de Casablanca, ainsi qu’une conférence de presse, le 21 février 2019,( en compagnie d'autres associations et avec le soutien des laboratoires Sanofi Genzyme), pour célébrer la 12ème édition de la journée internationale des maladies rares.
 les deux associations (sans beaucoup de moyens mais avec beaucoup de bonne volonté) entretiennent des relations d’amitié, de solidarité et de collaboration avec de nombreuses associations de malades à travers le monde comme l’association française de Gougerot-Sjögren (AFGS), l’Association Française des intolérants au gluten (AFDIAG), l’Association Française de la Fièvre Méditerranéenne Familiale et des autres Fièvres Récurrentes Héréditaires (AFFMF), l’American Autoimmune Related Diseases Association (AARDA), l’Alliance des maladies rares française, l’organisation world’s Hereditary Angioedema (HAEi)…Elles ont noué enfin des relations informelles avec des ONG dans le monde arabe (Algérie, Tunisie, Liban, Egypte…) et en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Congo…).
L'ALLIANCE DES MALADIES RARES AU MAROC a enfin organisé la "Journée des Maladies Rares", le 24 février 2024 à Casablanca. Elle l'a fait en partenariat avec les laboratoires Sanofi et L’Association Marocaine de Biologie Médicale (AMBM).  Les principales associations de maladies rares au Maroc étaient  présentes lors de cette manifestation (cf galerie de photos à la fin de l'article)

III/ BIBLIOGRAPHIE
- Qu’est ce que la médecine interne – Société nationale française de médecine interne    http://www.snfmi.org/content/quest-ce-que-la-medecine-interne
- Renaissance des internistes à l’hôpital d’abord en Angleterre et aux Etats-Unis- Reto Krapf,  - Forum Med Suisse 2012;12(51–52):992
 
Des articles de l’auteur :
- Moussayer Khadija - Maladies auto-immunes : Quand le corps s’attaque à lui-même – Doctinews N° 36 Août/Septembre 2011.
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/551-maladies-auto-immunes                      
- Moussayer Khadija - Biothérapies : La révolution des traitements ciblés issus du vivant – Doctinews N° 58 Septembre 2013.
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/2461-bioth%C3%A9rapies
Moussayer Khadija - Syndrome sec et Gougerot-Sjögren : Entre un mal fréquent et une maladie au coeur de l’auto-immunité – Doctinews  N° 45 Juin 2012
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/560-syndrome-sec-et-gougerot-sj%C3%B6gren
 Moussayer Khadija - La barrière intestinale et ses pathologies :  Du microbiote au leaky gut syndrome - Doctinews N° 69 Août / Septembre 2014
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/3445-la-barri%C3%A8re-intestinale-et-ses-pathologies
 Moussayer Khadija - Le lupus : encore des zones d’ombre - Doctinews 31 octobre 2013 :
http://www.doctinews.com/index.php/actualites-generale/item/2585-lupus




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